mardi 17 avril 2012

Walking and falling, at the same time: Sonic Boom au Trabendo


Je crois que ne suis pas revenu au Trabendo depuis 8 ans. Depuis le concert de reformation des Seeds en 2004. J'ai mis un peu de temps à me repérer, la décoration a pas mal changée et l'image mentale que j'avais de la salle s'est altérée. Ce soir, samedi 14/04, c'est la soirée de réouverture et Sonic Boom est en live. Il sera suivi (entre autres) par un DJ set de Zombie Zombie et de Mickey Moonlight.

Dans la salle vide j'essaye de superposer l'image de Sonic Boom et celle de Sky Saxon. Je suis sûr que ça lui aurait fait plaisir de savoir qu'il allait se tenir exactement à l'endroit ou se trouvait Sky.

Comme c'était l'heure de l'apéro, nous sommes allés dehors prendre quelques rafraîchissements et quelques hot dogs en attendant le début du concert, puis, tout cela tranquillement avalé, nous avons pris place dans la salle. Sonic Boom à la place de Sky Saxon, comme prévu, et moi à la place à laquelle je me trouvais 8 ans plus tôt : l'équilibre du monde était respecté. Le concert a commencé sur un morceau habituel, Mary sans doute, puis Sonic Boom a enchaîné sur une reprise Hall of Mirrors de Kraftwerk - Even the greatest stars... discover themselves in the looking glass. J'étais encore pris dans mon écho personnel quand j'ai entendu "Walking & Falling" et j'ai plongé au coeur de l'aleph :

I wanted you. And I was looking for you.
But I couldn't find you.
I wanted you. And I was looking for you all day.
But I couldn't find you. I couldn't find you.

You're walking. And you don't always realize it,
but you're always falling.
With each step you fall forward slightly.
And then catch yourself from falling.
Over and over, you're falling.
And then catching yourself from falling.
And this is how you can be walking and falling
at the same time.



"Walking & Falling" de Laurie Anderson, paru sur Big Science en 1982, est une épure, un texte d'amour issu d'un rêve. Fragile et puissant, auquel on ne peut rien retrancher, ni ajouter. Un mouvement immobile, une attente, une frustration, un constat, un déséquilibre et un rétablissement, puis une révélation.

Avec les Spacemen 3, Peter Kember est parvenu à l'os du rock'n'roll, au squelette de chair auquel on ne peut plus rien soustraire, à une perfection émotionnelle. En solo, sous le nom de Sonic Boom, il est parvenu à l'os de la pop. Sa musique est un flash sur un ralenti, dilaté entre l'instantanéité du temps mental et l'avalanche de stimulus visuels. Comme la marche de Laurie Anderson, la musique de Sonic Boom participe de deux mouvements : un vertical - ascendant et descendant, et un horizontal - progression et régression, et nous sommes pris à l'intersection de ces deux mouvements, le corps oscillant lentement, presque figé tout en déclenchant une intense activité cérébrale et émotionnelle. Le même et la différence. L'équilibre instable.

Peter Kember est un cube de Donald Judd sur lequel on pourrait verser une larme, une présence, un principe réconfortant, comme une discussion feutrée avec un(e) ami(e), qui s'enfonce dans l'ouate du petit matin. With each step you fall forward slightly. And then catch yourself from falling. Over and over, you're falling. And then catching yourself from falling. Sa musique marche les yeux fermés, et nous nous sommes ses somnambules.


Spectrum vient de sortir un split EP vynil avec Cheval Sombre sur le label The Great Pop Supplement. La version éditée par Sonic Boom du "Red Moon" de Cheval Sombre est une pure merveille.

Lire notre interview de Sonic Boom (2011) et lire les compte rendus des précédents concerts de Sonic Boom :
Le motard & Marilyn: Panda Bear & Sonic Boom à la Gaité Lyrique (Décembre 2011)
La Treizième revient: Spectrum au Nouveau Casino (Octobre 2010)
Wicked gig, man: Spectrum au Point Ephemère (Mars 2010)

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